L’histoire de Manny

Une femme souriante, garçon dans les bras

Emmanuelle (Manny) Plourde et Brett Lawson se sont mariés en juin 2009 et espéraient fonder une famille immédiatement. Toujours sans succès après un an, le couple a décidé de consulter un spécialiste de la fertilité. S’ensuit pendant cinq ans un tourbillon de rendez-vous, tests, injections et procédures.

 

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Le couple vivait à une heure de la clinique de fertilité, et Manny était agente de bord, d’où le défi de s’y rendre fréquemment pour le suivi du cycle de Manny (jours 2, 4, 6, 8, 10, 12, 13, 14, 15). « C’était pénible, parce que je devais faire approuver mon horaire de travail chaque mois tout en essayant de deviner quand j’allais avoir mes règles. »

 

Manny est tombée enceinte dans les premiers mois de surveillance du cycle, mais a perdu le bébé à 11 semaines, expérience qu’elle qualifie d’horrible et affligeante. Après deux autres séries de surveillance du cycle, le couple s’impatientait et a essayé l’insémination intra-utérine (IIU), traitement où les spermatozoïdes sont déposés directement dans l’utérus.

« Je créais des ovules facilement, mais je n’arrivais pas à tomber enceinte. Évidemment, c’était difficile d’apporter les médicaments avec moi dans l’avion et de me les injecter à 35 000 pieds d’altitude. Une fois, j’ai dû demander à une collègue de venir dans ma chambre d’hôtel pour me faire une injection dans les muscles fessiers que je devais recevoir à un moment très précis avant l’IIU. »

 

L’IIU n’ayant pas réussi, le couple a essayé la fécondation in vitro (FIV) à l’automne 2011. La FIV implique une stimulation ovarienne, le prélèvement d’ovules dans les ovaires de la femme, la fécondation dans un laboratoire spécial et le transfert ultérieur d’embryons.

 

Pendant deux semaines après le transfert d’embryons, Manny devait recevoir chaque soir des injections de progestérone dans le haut du fessier pour favoriser l’implantation des embryons. Les injections ont provoqué de graves enflures et ecchymoses.

 

« Brett a dû m’injecter chaque soir pendant deux semaines après l’intervention; il ne savait plus où me piquer, car toute la zone était mauve à cause des ecchymoses. » 

 

On a récolté 12 ovules chez Manny. « Ç’a été douloureux, et juste trois des 12 embryons ont survécu. » Deux des trois ont été transférés quelques jours après le prélèvement (transfert d’embryons frais), et l’autre a été congelé et transféré quelques mois plus tard. Aucun des transferts n'a mené à une grossesse.

 

La combinaison du stress psychologique et physiologique intense et des déceptions répétées a écorché Manny. « Le jour même de mon premier résultat négatif de FIV, mon frère m’a annoncé que sa conjointe était enceinte de cinq semaines. La nouvelle a été bien difficile à avaler... »

 

L’acupuncteur de Manny a recommandé un autre spécialiste de la fertilité et le couple a changé de clinique pour tenter une nouvelle FIV qui, encore, a échoué.

 

En juillet 2013, Manny a subi une chirurgie laparoscopique pour une endométriose, option qu’on ne lui avait jamais proposée; c’est sa propre incitation qui y a mené. « Si je ne l’avais pas demandée, je ne l’aurais jamais eue. » 

 

Le spécialiste de la fertilité a recommandé une autre série de FIV, mais Brett et Manny, sous le poids financier du traitement (déjà plus de 50 000 $ à ce stade), ont opté pour l’IIU, moins coûteuse.

 

Et après tant de déceptions, quelle joie pour le couple d’apprendre que l’IUI avait fonctionné. Manny était enceinte, et ravie!

 

Le matin de son rendez-vous à six semaines, cependant, elle avait de fortes crampes et croyait avoir perdu le bébé, mais la douleur venait d’un caillot de sang dans l’utérus. Après une semaine au lit, Manny s’en est bien remise. Ce petit moment d’angoisse passé, le reste de sa grossesse s’est déroulé sans problème, et le 2 mai 2014, Manny a accouché d’un petit garçon en bonne santé, Lucas.

 

Aujourd’hui, Manny regorge de reconnaissance pour son « beau garçon ». Elle, Brett et Lucas forment une famille solide qui adore les aventures en plein air. 

 

Les expériences douloureuses de Manny l’habitent encore : « Même aujourd’hui, à l’âge de 47 ans, mon cœur chavire quand j’ai mes règles. Vu mon âge, je ne veux plus être enceinte; je m’impatiente d’être ménopausée, juste pour que mon cerveau puisse enfin se reposer. »

 

 

Une famille s’amuse dans la neige


 

BORN et les données sur les traitements FIV

Brett et Manny font partie des 16% de couples canadiens (1 sur 6) qui éprouvent des problèmes d’infertilité, deux fois plus que pendant les années 19801.

BORN et la Société canadienne de fertilité et d’andrologie (SCFA) recueillent depuis neuf ans des données sur les traitements de FIV dans le Canadian Assisted Reproductive Technologies Register (CARTR Plus), parfois appelé « registre TPA canadien ».

Ces données constituent une ressource inestimable pour nous éclairer sur l’impact et le succès de la FIV, sur les résultats de santé des personnes qui suivent ce traitement et des enfants qui en sont issus ainsi que sur l’impact des programmes et politiques de fertilité.

Taux de réussite cumulatifs de la FIV

 

Les personnes qui envisagent la FIV veulent en comprendre le potentiel de réussite, qui dépend de nombreux facteurs : âge, réserve ovarienne, santé des trompes de Fallope, mode de vie et bien d'autres. Manny dit avoir été « très peu conseillée sur les taux de réussite » lors de sa FIV. Essayer ainsi de tomber enceinte est une expérience profondément personnelle et intense pouvant susciter une grande vulnérabilité chez des couples comme les Lawson.

 

Bien les renseigner sert donc à les responsabiliser et à renforcer leur sentiment d’autonomie.

 

Les taux de réussite peuvent être présentés de diverses façons :

  • probabilité de grossesse par transfert d’embryon (frais ou congelé)
  • probabilité globale de grossesse après tous les transferts d’embryons au cours du même cycle de FIV (taux de grossesse clinique cumulé)
  • le taux cumulatif de naissances vivantes résultant de transferts d’embryons utilisant tous les ovules récoltés lors d’un cycle de FIV

 On qualifie ces taux de réussite cumulatifs comme les plus représentatifs de la réussite globale de la FIV.

 

En 2020-21, BORN a analysé les données CARTR Plus pour établir le taux cumulatif de grossesses cliniques (du 1er janvier 2013 au 31 décembre 2019) et le taux de naissances vivantes (du 1er janvier 2013 au 31 décembre 2018) résultant des cycles de traitement par FIV au Canada.

 

Selon ces données, près de la moitié (49,6%) des cycles de prélèvement ayant eu au moins un transfert d’embryon ont produit une grossesse clinique (chez les moins de 35 ans, ce taux frôlait 60%) et 37,1% de ces cycles ont généré des naissances vivantes (chez les moins de 35 ans, le taux était de 47,5%).

 

BORN a publié ces renseignements ainsi que d’autres statistiques dans un bulletin — le premier du genre — sur son site Web. Les personnes envisageant une FIV pourront ainsi mieux comprendre les probabilités de concevoir et d’avoir un enfant à la suite d’un seul cycle de prélèvement FIV.

 

Résultats de santé : Prééclampsie

Stéthoscope, image échographique d’un bébé, reliure avec étiquette disant « Diagnostic : prééclampsie »La prééclampsie est une complication de la grossesse caractérisée par une tension artérielle élevée et des signes d’atteinte d’autres organes (souvent le foie et les reins). Elle apparaît généralement après 20 semaines de grossesse chez des femmes dont la tension artérielle était normale. Sans intervention, la prééclampsie peut entraîner des complications graves, voire mortelles, pour les personnes enceintes et leurs bébés2.

 

La FIV peut augmenter le risque de prééclampsie. Des études suggèrent que ce risque est plus élevé pour les grossesses résultant de transferts d’embryons congelés/décongelés que pour celles issues de transferts d’embryons frais. Toutefois, ces études reposent sur d’anciennes données issues de pratiques dépassées.

 

L’équipe de recherche s’est donc demandé si les résultats diffèreraient à la lumière de données plus récentes. Elle a puisé dans le système d’information BORN — plus précisément CARTR Plus — pour évaluer l’incidence de la prééclampsie dans la pratique actuelle en procréation assistée.

 

Alimentée par les données BORN, une étude dans le Journal of Assisted Reproduction and Genetics en janvier 2021 a comparé l’incidence de la prééclampsie parmi toutes les naissances en Ontario de 2013 à 2017 selon le type de conception (transferts d’embryons congelés, transferts d'embryons frais et conceptions naturelles). On a également comparé ces résultats à ceux d’études antérieures dans une méta-analyse de plus de quatre millions de naissances.

 

Résultats : la pratique actuelle en procréation assistée entraînait un risque de prééclampsie comparable chez les transferts d’embryons frais et d’embryons congelés. Toutefois, le risque de prééclampsie était moins élevé dans les conceptions naturelles.

 

Ces données sont importantes non seulement pour les personnes qui envisagent un transfert d’embryons frais ou congelés, mais aussi pour l’amélioration des soins cliniques et de suivi visant la prééclampsie et les grossesses par FIV. 

Impact des programmes et politiques en matière de fertilité

Janvier 2021 a marqué le cinquième anniversaire du programme de procréation assistée de l’Ontario (PFAO). Celui-ci finance le coût d’un cycle de FIV et d’un nombre illimité d’inséminations artificielles (IA) et d’insémination intra-utérine (IIU) sans égard au sexe, à l’orientation sexuelle ou à la situation familiale. En réduisant le fardeau financier des services de procréation assistée, le PFAO aide de nombreuses personnes en Ontario à réaliser le rêve de fonder ou d’agrandir leur famille.

 

Combien de familles sont assistées? Le programme fonctionne-t-il bien? Quelles tendances voyons-nous depuis cinq ans? Pour évaluer l’efficacité et l’impact du PFAO, le ministère de la Santé a besoin de données probantes.

 

BORN fournit des données critiques complètes sur le traitement FIV et sur les résultats des grossesses et naissances : nombre de patients, nombre de cycles, répartition par âge des personnes soignées, nombre de prélèvements d’ovocytes, nombre de transferts d’embryons, justification du traitement, de son annulation ou du non-transfert d’embryons, taux de grossesses cliniques, taux de naissances vivantes, taux de naissances multiples, etc.